Avant toute chose, il nous faut élucider la notion de « péché impardonnable ». Qu’entendons-nous par impardonnable ? Dans le sens le plus strict du terme, cela signifie « qui ne peut être pardonné ».
Mais, techniquement parlant, Dieu a la capacité de pardonner tout péché s’il le désire. Ainsi, le « péché impardonnable » désigne un péché qui dans les faits ne sera pas pardonné par Dieu, non pas parce qu’il ne peut pas le faire, mais plutôt parce qu’il ne le fera pas. C’est l’avertissement que Jésus lance à ceux qui l’accusent d’accomplir ses miracles en utilisant le pouvoir de Satan. Il les avertit qu’il existe un péché que Dieu ne pardonnera pas, ni dans ce monde ni dans le monde à venir.
Ce qui est plus difficile à comprendre, c’est que Jésus déclare également que nous pouvons pécher contre le Fils de l’Homme et être pardonnés, mais que nous ne serons pas pardonnés si nous péchons contre le Saint-Esprit.
Cette idée est difficile à conceptualiser pour la simple raison que nous croyons en la trinité – un seul Dieu en trois personnes. Il y a le Père, le Fils, et le Saint-Esprit, et ces trois-là sont un seul et même Dieu ; le « Fils de l’Homme » fait référence à la deuxième personne de la trinité. Pourquoi le fait de pécher contre la deuxième personne de la trinité serait-il pardonnable alors qu’un péché particulier contre la troisième personne ne le serait pas ?
Il existe une solution assez simple à ce dilemme. Remarquez que Jésus ne dit pas que tout péché contre le Saint-Esprit est impardonnable. Nous péchons tout le temps contre le Saint-Esprit. En réalité, chaque péché que nous commettons en tant que chrétiens est une offense à l’Esprit de sainteté qui habite en nous pour œuvrer à notre sanctification. Et si chaque péché contre le Saint-Esprit était impardonnable, aucun d’entre nous ne pourrait jamais être pardonné.
Ainsi, Jésus est très précis et spécifique lorsqu’il parle d’un type particulier de péché, qu’il définit comme un blasphème contre le Saint-Esprit.
Nous devons à nouveau nous montrer prudents ici, car il ne dit pas non plus que toute forme de blasphème commis est impardonnable. Encore une fois, si tout blasphème était impardonnable, nous ne serions jamais pardonnés. Chaque fois que nous utilisons le nom du Seigneur en vain, c’est un acte de blasphème. Mais la Bible indique très clairement que sur la croix, Christ a réconcilié les blasphémateurs avec Dieu. Plutôt que de faire une déclaration générale sur les paroles blasphématoires, Jésus définit ici un péché de manière extrêmement spécifique, particulière et précise. Tous les blasphèmes ne sont pas impardonnables, tous les péchés contre le Saint-Esprit ne sont pas impardonnables, et tous les péchés contre le Fils de l’homme ne sont pas impardonnables.
Alors, qu’est-ce qui est spécifiquement visé ici ?
Cette question a reçu de nombreuses réponses au cours de l’histoire de l’Église. Certains ont supposé que le péché impardonnable était le meurtre, car l’Ancien Testament prescrit la peine capitale pour ce crime, mais cette réponse ne coïncide pas avec l’essentiel : le meurtre n’est pas un blasphème. Pour essayer de comprendre la nature de ce péché grave, nous devons commencer par le fait qu’il est identifié comme un blasphème ; or le blasphème est lié aux paroles. En temps normal, le blasphème concerne des paroles qui sortent de la bouche. Il est lié à ce que nous disons. Nous pouvons le voir dans le verbe que Jésus utilise : il désigne celui qui parle contre le Saint-Esprit. Ainsi, le blasphème n’est pas un acte de péché au sens large, ni même un péché comme le meurtre, mais plutôt une action de la langue.
(La suite demain)
Pasteur R.C. Sproul